Sa silhouette de Charlot a déjà fait le tour du monde, il est au sommet de sa gloire lorsque Chaplin refuse de témoigner devant la commission d’enquête dressant des listes dénonçant les communistes et décide de fuir les États-Unis pour garder sa liberté.
Septembre 1952. L’immense comédien et réalisateur Charlie Chaplin embarque sur le Queen Elizabeth avec toute sa famille pour gagner l’Angleterre. Lui, l’enfant pauvre des rues de Londres, préfère retourner dans son pays natal plutôt que d’accepter cette chasse aux sorcières qui sévit dans le milieu du cinéma depuis que le sénateur McCarthy a décidé d’épurer le pays de tous les communistes ou prétendument tels. On le soupçonne de sympathies avec les Soviétiques, on attend de lui qu’il livre des noms. Qu’à cela ne tienne : Chaplin ne sera jamais un délateur pour donner des gages à l’Amérique de la guerre froide. Mieux, il tourne depuis l’Europe un film qui brocarde cette obsession dénonciatrice, et s’accroche à sa vision humaniste du monde, celle de son personnage du dictateur qui rêve d’abattre “les barrières entre les nations”.
Yann Liotard nous fait rencontrer un Chaplin méconnu, un homme qui ne dévie pas de ses principes et des idéaux de justice et de paix qui l’animent. Le dossier qui suit permet de mieux percevoir la différence entre la délation et la dénonciation.
LIRE UN EXTRAIT
YANN LIOTARD est un passionné de cinéma. Il connaît tous les films de Chaplin sur le bout des doigts et cultive une vraie tendresse pour le personnage de Charlot, ce vagabond au grand cœur en butte à l’hostilité des puissants. Le côté insoumis du grand acteur et réalisateur ne pouvait que rejoindre les convictions de celui qui est entré dans l’écriture par un Dictionerfs du collège commun et des colères universelles, avant de prêter vie à l’éternelle rebelle qu’est Antigone. Chez ce professeur de lettres, qui enseigne à Vizille en Isère, berceau de la Révolution française, la révolte est toujours à fleur de mots. Les ravages des élèves victimes de délation lui ont mis la rage au ventre et donné envie de dénoncer les délateurs !